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Avancé en Test
23 août 2020

2020-08-23 L’Echappée Belle P2

L’Echappée Belle – Parcours des Crêtes

Partie 2

Si vous souhaitez commencer par regarder les photos, elles sont visibles à la fin de ce compte rendu.

Revenir à la partie 1

14h25 : Au Col d’Arpingon (km 17), une nouvelle fois je suis pointé mais cette fois Christine aura l’info sur Live Trail, elle sera rassurée que je sois toujours en course. Maintenant, direction Col de la Frèche où il y a la première barrière horaire, entre les deux, le press-book est noté noir, de la caillasse à profusion, surtout de la grosse, aucun danger que je cours même si un danger existe pour les chevilles.

Le brouillard apparaît, plus de points de vue !

15h00 : Col de la Frèche (km 18), 2 heures d’avance sur la barrière qui est à 17h00, toujours bon pour le moral. Nous avons quitté le massif de Belledonne pour la Maurienne à un point d’eau, une banderole en atteste, je continue mon chemin pour le Col du Fort. Je double, on me redouble, à mon âge je ne me tire plus la bourre dans les ascensions, c’est de l’entraide, du relais, une cordée sans corde. Pour l’atteindre, pas de gros dénivelé mais de gros cailloux ici ou là, il est vrai que nous sommes dans une partie noire selon le topo ! Alors que j’avance à un petit rythme, je revois Anne-Lise assise tranquillement sur un rocher, à mon tour, je lui demande si tout va bien ? Avec un large sourire, elle me répond qu’elle attend un ami qui « rame » à l’arrière du peloton. Nous nous saluons en pensant bien nous revoir d’ici l’arrivée.

15h30 : Col du fort (km 20), une petite descente pour une remontée courte mais raide. Pendant cette remontée, je croise deux personnes qui me proposent de l’eau ! Je vérifie ma poche et avec grand plaisir, j’accepte. Un complément d’un litre m’est attribué. Je les remercie ainsi que tous les bénévoles de l’organisation. A cela ils me répondent qu’ils sont simplement randonneurs et qu’ils redescendent en vallée et ayant encore beaucoup d’eau, ils en font profiter quelques uns ! Ca, c’est l’esprit montagne !! Le col est là à quelques gros rochers, j’y arrive.

Il nous suffit de suivre la trace !

16h15 : Col de Près Rémy (km 21), je passe le col sans regarder quoi que ce soit, ce n’est pas un problème de vertige, mais depuis plus d’une heure les nuages sont revenus poussés par un vent froid. Il n’y a pas de point de vue à voir, c’est une mer de nuages agités, donc je préfère me bouger pour ne pas avoir froid.

18h00 : Pointe de Rognier 2 319 m (km 25), quelques petits pas d’escalade et j’y suis accueilli par un panonceau : « Profitez, admirez le point de vue sur 360° ». Aux bénévoles, transis, je leur dis qu’il faudrait ajouter « lol » car la visibilité est inférieure à 10 mètres ! C’est le point haut de la course, content que ce point soit passé, il reste 5 km pour rejoindre le ravito. 5 kilomètres c’est peu mais aussi beaucoup car je suis dans une section noire du press-book, un sentier peu marqué, tout du moins ignoré des cartes, très technique et vu mon état de forme, ce n’est pas ce qui est le mieux ! Alors que je fatigue, je regarde mon GPS, il m’indique 36 km, pourtant je vois régulièrement le balisage fait de petits fanions, un coureur me rattrape et me double. Je l’informe de mes données GPS, il est étonné car sur sa montre, la même que la mienne, il a 30 km ! Une dizaine de minutes plus tard j’arrive au ravito, ouf !

La descente de la Pointe Rognier

19h35 : Fontaine Noire (km 30), après 19h35 de course, je suis au 1er ravito, j’ai 02h30 sur la barrière horaire (22h00). Masque, lavage des mains et gel hydro-alcoolique, je peux accéder et me faire servir par des bénévoles très sympathiques. Je passe devant des assiettes bien garnies mais rien ne me tente, je demande juste une soupe. Elle est aux nouilles chinoises, beurk ! Je n’ai pas le choix, je m’assieds un peu à l’écart sur un talus. D’autres trailers sont là avec une tête bien fatiguée, probablement comme la mienne par contre je ne sais pas sur quelle distance ils concourent. Anne-Lise arrive, son ami a abandonné et s’est redirigé vers Val Pelouse, elle a patienté pour rien. Moi, je suis fatigué mais l’abandon n’est pas à l’ordre du jour, j’ai bien des crampes à fleur de peau, mal un peu partout et plus précisément au dos mais rien de vital. J’ai de la marge sur la barrière horaire, ce qui n’est pas habituel et j’ai toujours en tête mes abandons de la PTL et de l’UTAT. Je reprends mes esprits, goûte à nouveau les nouilles chinoises, elles ont toujours le même goût, beurk, je me prépare pour un nouveau départ. Ici, le parcours reprend le GR738 (Haute Traversée de Belledonne), je peux penser qu’il est accessible à tous donc je positive, en plus, de mémoire sur le press-book, il ne reste que du bleu et du vert donc cela devrait être beaucoup moins technique. Maintenant mon nouvel objectif, c’est le Pontet au km 45 avec 600 m D+ où je retrouverai mes accompagnants.

Le brouillard reste maître des points de vue

19h55 : Je salue les présents et quitte Fontaine Noire. Le sentier s’enfonce dans un sous bois le long d’un petit torrent. Au début, c’est sympa et plus j’avance, plus c’est accidenté. Il y a encore des coureurs qui me doublent, certains dans leur bulle, je ne sais même pas s’ils me voient mais ils sont plus rapides ! De mon côté, je suis lent, le pourcentage est raide, si je ralentis, je m’arrête ! Puis Anne-Lise me rattrape, un petit échange et elle me propose de lui emboîter le pas. Je la remercie de sa proposition mais je préfère garder mon rythme lent qui me paraît plus adéquat à la situation. Du petit chemin de plus en plus accidenté, j’arrive dans un « mur » de rochers, pas difficile en soi lorsque l’on est frais, heureusement que le tracé est bleu sur le press-book ! Anne-Lise, qui est devant moi m’encourage et me fait voir la sortie. Il commence à faire sombre et sur le col, je distingue les frontales. Je sors le mienne ainsi que ma veste car le froid commence à piquer. Le chemin est devenu bien agréable, j’ai l’impression que c’est une bande de gazon droit dans la pente, un beau pourcentage qui se monte bien, il fait 1 m de large. J’arrive enfin au col de la Perche (km 33) où les bénévoles emmitouflés me pointent. La descente est un bon single sans piège apparent, je marche d’un bon pas mais ne cours pas, j’ai toujours une mauvaise sensation sous la peau, alors prudence ! Je passe au Col d’Arbaretan (km 34) et continue à un bon rythme jusqu’au moment où le sentier reprend de l’altitude. La cadence baisse mais je ne m’arrête jamais.

Le col, c'est tout là haut !

21h30 : Sommet du Grand Chat (km 35), il me reste 10 km de descente pour rejoindre le 2ème ravitaillement. Juste 10 km pour un peu d’oxygène de mes proches, cela va être bon mais il faut y arriver ! D’ici là 3 pointages et surtout de la descente qui n’est pas du goût de mes quadris. Et ils ont raison, une descente avec souvent de bons pourcentages pour être sûr de ne pas les oublier. Seul dans la nuit, il y a de nombreux bruits divers et variés mais je n’ai réussi à croiser aucune paire d’yeux pourtant, il devait y en avoir, probablement des sangliers, biches ou autres sans oublier des chouettes, hiboux et que sais-je encore ! J’ai perdu la notion du temps, je n’ai aucune idée de l’heure, d’ailleurs je ne m’en préoccupe pas. J’avance comme un automate jusqu’au moment où, un tronc d’arbre couché au sol avec un manteau de mousse m’invite à m’assoir, ce que je m’empresse de faire. Une pause de cinq minutes ne devrait pas changer grand-chose à mon résultat ! Ces 5 minutes se sont transformées en je ne sais quoi mais beaucoup plus que 5 minutes. Heureusement qu’un trailer m’a réveillé, inquiet de ma situation. Je me suis repris de suite et remis un pied devant l’autre ! Depuis que ma montre m’a donné de fausses informations, je me refuse de la consulter. Après le Col du Champet (km 38), c’est la Baraque à Michel (km 40). Depuis Fontaine Noire, je ne peux toujours pas m’alimenter ni me déshydrater. Pour palier à cela je prends une gorgée d’eau et je rince ma gorge avant de recracher l’eau, seulement, cette fois, un filet d’eau est allé directement dans le fond de ma gorge. La réaction est immédiate, des hauts de cœur, puis je vomis, tout du moins j’essaye car vomir avec rien dans le ventre est particulièrement désagréable. En cet instant, j’ai une pensée particulière pour Maryse. Un trailer me doublant me propose de m’accompagner jusqu’au Pontet, proposition que je décline. Je reprends ma route. Aux Lamberts (km 43), il me reste moins de 2 km, je sens le bon bout… enfin pour le Pontet. Au travers des arbres, je vois de la lumière, j’entends Lise crier, je lui réponds, un grand soulagement.

Au Pontet, Guillaume tout relax !

00h45 : Le Pontet (km 45), après plus de 15h de course, je retrouve mes accompagnants Christine, Lise et Guillaume. Karine et Benoît gardent Charline et Raphaël. Initialement, j’avais prévu de passer ici à 21h15 dans le meilleur des cas soit 03h30 de retard, en même temps je suis là. J’apprends que Karine et Guillaume ont passé la ligne d’arrivée en moins de 14h00, une très grosse performance pour Karine. Guillaume est aussi très content de ce retour à la montagne. J’arrive à boire un thé sans le rendre et même, à manger partiellement un petit pain. Je suis rincé, j’échange mes vêtements trempés de transpiration contre des secs, quel bonheur, un arrêt de 15 minutes me fait grand bien. Il me reste 13 km pour agiter la fameuse sonnaille d’arrivée à Aiguebelle. Je quitte cet endroit agréable, Guillaume me fait un complément d’eau et m’accompagne sur les premières centaines de mètres. Je lui demande de me rappeler le profil de cette dernière liaison 500 m D+ sur 5 km, puis 1 000 m D- sur 8 km. C’est la première fois que je pose une question sur une fin de course car généralement la réponse est erronée pour cacher la vérité mais là, je sais que les explications de Guillaume sont fiables, il y a quelques heures, il était ici avec Karine.

Au Pontet, soutenu par mes accompagnants

01h00 : Nous nous séparons, je m’enfonce dans le bois et prends mon rythme de croisière et je ne m’amuse pas ! Un chemin sans partie technique mais avec, une nouvelle fois, un beau pourcentage constant. L’allure est faible mais elle existe ! Je passe au Fort de Montgilbert (km 50) puis descends vers Les Bugnons (km 52), la descente redevient bien pentue et mes quadris se sont à nouveau réveillés, je fais quelques petites pauses en gardant bien mes yeux ouverts et poursuit jusqu’au Planay (km 53). La descente dans le vert, selon le press-book, est quand même sympa en fin de course. Alors qu’une nième fois j’humidifiais ma gorge, un relent et hop, c’est reparti, coucou Maryse ! Juste pour laisser ma trace avant de rejoindre Montgilbert (km 55). La descente se fait maintenant sur un chemin forestier avant de rentrer dans Aiguebelle, Guillaume est venu à ma rencontre.

05h47 : Aiguebelle (km 58), Je rentre dans le parc d’arrivée, je titube de fatigue.

Après 20h47 de course, Christine, Lise, Karine, Guillaume et Benoît (Charline et Raphaël dorment dans la voiture) m’accueillent. Après avoir remis mon masque, je me désinfecte les mains et vais tenir puis secouer vigoureusement la sonnaille comme si je voulais lui faire payer ce qu’elle venait de me faire endurer

Les sentiers techniques à fort pourcentage n’ont pas eu raison de ma peau, c’est le trail le plus lent que j’ai réalisé. Certes, j’ai eu un sérieux handicap avec les crampes mais, même les courses de l’UTMB (hors PTL) et du Marathon de Sables étaient supérieur de plus d’1 km/h.

Quelle Conclusion faire de cette nouvelle expérience ? Comme il a été dit, je pense être un chanceux, un privilégié d’être ici, et être à l’arrivée n’est que du bonheur ! J’ai quitté mon quotidien pour me sentir vivre et, incontestablement au travers des crampes, je vous assure que l’on se sent vivre. J’ai pris du plaisir jusqu’au moment où les crampes ont pris le dessus, après cela s’est transformé en rando d’endurance.

Karine et Guillaume, de beaux finishers

2020, restera une année à part ! Le Covid certes mais ce trail qui devait être superbe ne l’a pas été complètement. Tout d’abord, sa flore, je n’ai pas vu grand-chose, pourtant j’ai souvent eu la tête dans les baskets donc, pas de gentiane, pas de joubarde, peu de rhododendron rose, juste de la caillasse, mais je ne crois pas qu’elle fasse partie de cette même famille ! Sa faune, la veille on nous avait dit qu’il y avait des hordes de chamois sous les cols, ils devaient être bien cachés dans le brouillard, quant aux marmottes, 2 vigies m’ont repéré, pas un drame à la vitesse que j’évoluais mais je ne l’ai pas vu ! Pour les points de vue ! Le brouillard est resté maître une bonne partie de la journée mais j’en ai vu quelques uns, mais que c’était beau ! Peut-être juste pour me dire de revenir !

Il n’y a pas que des points positifs, il y a aussi du vrai, du vécu, du concret, j’ai rencontré des trailers et des randonneurs plein d’empathie et de bienveillance et ça, c’est vraiment top, il y a du bon voire de l’excellent dans le trailer montagnard. Je suis aussi finisher sans blessure, trail fait au ¾ au mental, les douleurs s’effaceront et s’oublieront, quant aux crampes, elles font partie intégrante de la course, il ne restera que des bons souvenirs d’Aiguebelle. Le staff et les bénévoles étaient, soit au soleil, au chaud sous leur masque, soit au froid sur les cols, un grand merci à eux d’avoir relevé ce défi d’organisation.

Je profite de ces dernières lignes pour remercier mes accompagnants, Christine, Lise, Charline, Benoît et Raphaël sans oublier Karine et Guillaume qui ont bien écourté leur nuit de repos pour venir se joindre aux accompagnants lors de mon arrivée. Vivre intensément et le partager avec ceux que l’on aime, c’est comme ça que je conçois la richesse d’une vie. Merci à vous et merci à la vie de m’offrir cela.

Finisher au mental, la sonnaille a retenti

A noter que, Karine avait juste l’expérience du Nord Trail Mont des Flandres, 80 km et 1 600 m D+ qu’elle avait bouclé en 09h05. Ce qu’elle a fait aujourd’hui est, à mes yeux, énorme. Quant à Guillaume, il était venu « aider » Karine dans sa course mais aussi, se remettre en selle suite à une fracture de clavicule en juin dernier alors qu’il espère être au départ de la Diagonale des Fous en octobre prochain sur l’île de la Réunion. Sans aucune pression, il s’est fait grandement plaisir et en a profité pour faire beaucoup de photos, merci à lui.

Après une bonne douche, j’ai pu rejoindre mon lit avec l’esprit tranquille du devoir accompli.

Les chiffres - Classement :

L’Echappe Belle : 57,5 km 3880 m D+ 4980 m D-

474 partants, 418 arrivants, 56 abandons

B Roubiol 1er en 6h49

Karine et Guillaume 240ème/418 en 13h57’ (4ème M2F/7 et 44ème M0H/70)

Jean 409ème/418 en 20h45 - 6ème M6H/7

Anne-Lise, quant à elle, est arrivée 394ème en 18h23 en brandissant le drapeau de « Vaincre la Mucoviscidose », un état d’esprit qui en dit long sur la personne. J’ai pris 2 heures de retard sur elle depuis Fontaine Noire.

Michel Poittevin termine en 23h36, catégorie M8, né en 1944, il est le dernier, mais dernier des finishers ! Respect Monsieur. Même si cette personne est quelqu’un du cru, cela me donne espoir pour quelques années encore !

Un comparatif : Je viens de terminer l’Echappe Belle (57,5 km 3880 m D+ 4980 m D-) avec une belle météo en 20h47. L’an dernier j’ai fait le Trail des Fiz (61 km 5 000 m D+) avec une météo exécrable en 15h20. Cherchez l’erreur !!

Un grand merci à Guillaume pour les nombreuses photos réalisées en course qui permettent de se rendre compte de la particularité technique de ce trail. Pour les voir, c’est ICI

2020-08-23 Echappée Belle

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