Trail des Ecrins en Off

Si vous souhaitez commencer par regarder les photos, elles sont visibles à la fin de ce compte rendu.

Il y a une semaine nous étions sur la côte d’Opale pour une sortie « plaisir », un bon groupe, une belle météo, de beaux points de vue et pour terminer un bon pique-nique. Au final, un beau week-end en préambule des Alpes du Sud.

Dès le début de semaine un « hic » me mettait un doute sur la réussite de notre incursion dans les Alpes, un torticolis ! Après consultation de l’ostéo, j’étais malgré tout optimiste.

Nous voilà donc sur la route pour les Alpes du Sud en Direction de Vallouise (Plus précisément, Puy Saint Vincent à 1 800 m d’altitude) pour le Trail des Ecrins, mais en « OFF ». L’année 2020, et j’espère uniquement cette année, est marquée par la Covid 19, un virus qui touche le monde entier sans connaître de frontière, une crise sanitaire sans précédent. En France, comme partout ailleurs, les grands rassemblements sont proscrits durant 5 mois. Malgré une organisation à taille humaine (moins de 500 participants sur les 3 distances), le Trail des Ecrins n’y échappe pas. En théorie, s’il n’y a pas de recrudescence du virus, tout devrait rentrer dans l’ordre en septembre, mais c’est en théorie !! A suivre….

En tenant compte que la mémoire a tendance à enjoliver les souvenirs, je garde malgré tout un très beau souvenir de ce trail que j’avais fait en 2013 et, dès le début de l’année, je m’étais inscrit sur la Trans’Ecrins (57 km et 3 300 m D+). Alexandre m’avait emboîté le pas avec son beau-frère, Stéphane ainsi que Morgan, un de leur ami.

La réservation du logement étant faite, rejoindre la montagne était forcément une évidence, avec ou sans trail officiel ! Stéphane ayant un contretemps de dernière minute, donne l’occasion à Thierry de venir partager ce week-end dans les Ecrins avec nous.

Après avoir fait les achats pour le week-end, nous voilà à notre station de sports d’hiver, Puy St Vincent. Nous avons l’impression d’être les seuls dans la station, qu’importe !

J’avais imaginé quelques traces mais Morgan avait la trace GPS du trail 2019, c’est donc cette trace qui nous servira de guide demain.

De bonne heure et de bonne humeur voire d’excitation, nous sommes à 07h30 au centre de Vallouise (1 150 m) point de départ de cette sortie. Rien à voir avec un départ habituel, pour commencer nous partons à quatre avec Alex, lui qui se trouve généralement dans le peloton de tête, nous discutons, plaisantons et rigolons. Nous avons conscience de la chance de nous retrouver ici. La vallée est encore dans l’ombre mais les sommets sont déjà bien éclairés par un grand soleil, le ciel quant à lui…. sans commentaire !

Nous n’avons fait que quelques centaines de mètres que déjà, une montée nous sort de Vallouise pour arriver à Coul d’Aval (1 567 m). Le décor est fantastique nous nous arrêtons pour tirer quelques photos avant de reprendre le sentier pour Coul d’Amont (1 803 m). C’est vraiment génial, en course, sous pression des barrières horaires, je n’aurais pas pris le temps de prendre cette pause photo. Alex puis Morgan ont déjà filé devant mais régulièrement l’un puis l’autre redescendent à notre rencontre. Pour ma part, j’ai mon rythme habituel mais sans aucune pression et ça, c’est vraiment top ! Quant à Thierry, quelques mètres derrière moi « reprend » contact avec la montagne et ses longues montées. Tous les quatre nous prenons un grand plaisir. Régulièrement, nous regardons derrière nous, le décor majestueux et le chemin parcouru, le sentier en lacets s’effilochant pour se noyer dans le torrent de la vallée. Deux trailers, de bon niveau semble-t-il sont dans le bas du sentier. Devant, nous voyons le col, il y a encore du boulot pour y arriver, mais pas de panique, nous y arrivons tranquillement alors que nos deux autres ostrogots courent dans tous les sens comme des chamois, c’est une image, bien sûr, Thierry et moi évoluons à notre rythme.

A 10h20, nous atteignons le Col de Vallouise (2 675 m), appelé aussi Col de Salava, nous avons fait 10 km et 1 400 m D+ et nous sommes au point haut de notre sortie, une nouvelle petite séance photos puis, c’est la descente de l’autre côté de la montagne. Les deux trailers aperçus tracent la route. Nous, nous courons en alternance dans une descente parfois technique et piégeuse. Arrivés au Col de la Trancoulette (2 292 m) au km 14, nous nous regroupons et Thierry nous annonce qu’il va redescendre en vallée par un sentier qu’il observe depuis quelques minutes. Voulant préserver son dos et le plaisir pour la journée de demain, il ne veut pas trop en faire et surtout garder beaucoup de plaisir comme il le fait jusqu’à présent.

Nous savons Thierry raisonnable, nous nous plions donc à son choix. Personnellement, je n’aime ce genre de situation mais il en va ainsi. Il est 11h20, nous nous séparons, Thierry file dans la pente côté sud, quant à nous, nous suivons aveuglément le GPS côté nord. C’est donc à trois que nous descendons un sentier très sympa à courir. Nous arrivons aux Partias (2 127 m), normalement il y a un lac mais, nous n’en voyons pas. Au milieu de nulle part, nous rencontrons un couple avec 2 enfants en bas âge ! Nous remontons droit dans la pente et apercevons une marmotte, c’est la seconde de la journée.

Le col de la Pisse (2 501 m) est en vue face à de nombreux sommets enneigés. Il est 12h30, nous sommes au km 18, une pause s’impose ! Un appel à Thierry nous rassure de sa position, il a récupéré un GR pour Les Vigneaux. D’ici un seul sentier passe à flanc de montagne et nous attaquons « l’ultime » descente, il reste quand même 19 km avec quelques petits coups de cul. Je déroule bien, par contre, je sens mon cou qui est contracté, résultat de ma concentration sur ce chemin et de ma « vitesse » de descente (même si elle est inférieure à mes deux compagnons), je dois rester prudent, demain, il y a une seconde sortie ! Tout se passe bien, parfois, le chemin ayant disparu, nous devons contourner un gros trou ou un gros névé mais ça passe quand même. Alors que je suis heureux d’être là, sur une fraction de seconde, je me retrouve face contre terre, juste entre les cailloux, je n’ai rien vu venir, probablement après avoir croisé une pierre qui ne s’est pas écartée !

A ce moment, je devais bien descendre car Alex était derrière moi, si si ! Il est donc le premier à me « porter secours ». Je reste collé au sol, je ne hurle pas mais je peste contre moi-même, l’épaule, la hanche et le genou semblent touchés. Alex ne sait quoi faire pour m’aider. Je me retourne délicatement et m’inspecte. Du vernis en moins sur le genou mais il bouge et je ne ressens pas de douleur, la hanche j’ai gardé mon vernis, mes poignées d’amour ont amorti le choc. Quant à l’épaule, je n’ose la faire bouger de trop, le torticolis suffit. Alex me relève et je ne tarde pas à marcher pour ne pas attendre que cela refroidisse. Après une petite marche, je profite de la descente pour trottiner et malgré que tout ne soit pas parfait je reprends un rythme que je qualifierai de correct. Il y a malgré tout un côté positif à cette chute, c’est que momentanément, je ne pense plus à mon torticolis !

Nous récupérons le GR54 sur un chemin forestier avant d’arriver à Chambran (1 705 m), le GR54 est le Tour des Ecrins que j’ai réalisé avec Christine en 2005, est donné pour 184 km et 12 800 m D+, nous en gardons un superbe souvenir. A Chambran, nous sommes contents de trouver une fontaine, c’est la première et nous sommes tous les 3 à sec. Il y a aussi quelques chalets, un bar et la chapelle St Jean. Nous en profitons pour déguster une boisson fraiche avant de reprendre notre route.

Après quelques centaines de mètres de chemin, nous prenons une petite sente qui serpente au travers des mélèzes, doucement le fracas du torrent s’intensifie jusqu’au moment où nous débouchons aux Claux (1 300 m) à l’extrémité de Vallouise à la centrale hydro-électrique. Il reste 5 km et 200 m D- en longeant le Gyr qui a des reflets bleus turquoise, magnifique ! Nous apercevons quelques vans et nous sommes même interceptés par 3 jeunes qui sont venus courir, grimper er faire du canoë. Ils nous offrent des bonbons, nous échangeons quelques minutes et repartons.

A 16h15, nous sommes attablés en terrasse à nous rafraichir avec une bière au génépi, La Tourmente. Le bilan de la journée est positif, 37 km et 2 000 m D+ en 6h38 + 1 heure de pauses photos, contemplation ou « gamelle ». Une excellente journée. Thierry est rentré seulement 1 heure avant nous, mais il a tout géré comme il le souhaitait par contre, ne connaissant pas le secteur, il a fini par 3 km de bitume. Content de sa journée, il est venu partager une Tourmente avec nous.

Pendant cette journée, Christine, quant à elle est allée se balader dans la station de Puy St Vincent et a profité du soleil et du bon air de la montagne.

Dimanche matin, lorsque je lève la tête de l’oreiller, je ressens quelque chose et lorsque je me lève je sens aussi quelque chose ! Qu’importe, le départ est fixé à 08h00, alors debout, on ne rechigne pas ! Nous nous retrouvons autour du petit déjeuner. Hier soir nous avons décidé de la trace, environ 20 km et, cet après midi Alex, qui est excité et survolté, souhaite terminer par un petit kilomètre vertical. Avec un tel programme, Thierry toujours à l’écoute de son dos préfère partir en rando avec la carte 25/1000^ème. Nous sortons, il fait grand beau mais à 1 800 m d’altitude, il fait 8°, tous 3 motivés pour une nouvelle sortie. Nous récupérons la trace qui passe à 50 m et c’est parti ! Nous passons au lac des Hermes (appelé aussi lac du Coué), nous voyons une biche, la journée commence bien. Arrivés au col de Pré rouge (1 930 m), nous contournons un lac pour l’alimentation des canons à neige puis on se lance dans une descente sans aucun repère.

Nous suivons aveuglément le GPS et nous posons des questions sur la véracité de la trace qui passe dans le ravin des Meyries mais notre ténacité est récompensée, nous sortons de cette descente sur un chemin bien marqué qui nous emmène au Hameau des Clausas, il y a bien une fontaine mais il est inscrit : « eau non contrôlée », nous nous abstenons et continuons notre descente jusqu’au Hameau de l’Echaillon, site d’anciennes mines d’argent (Altitude 1 280 m) et là nous sommes au point bas de la sortie, au km 8. Ce qui nous attend, c’est une montée de 750 m D+ sur 4,5 km dans le bois de la Pignée. Alex s’y engage en courant, Morgan en marchant d’un bon rythme, quant à moi, je marche d’un pas moins convaincant mais j’avance, pas de problème de distanciation sociale. A plusieurs reprises, nous avons de beaux points de vue sur l’Argentière la Bessée en fond de vallée. Malgré ma lenteur relative, en 01h20 j’arrive aux Têtes à 2 044 m d’altitude soit 560 m D+/h. Après la journée d’hier, je suis satisfait de cette montée, une nouvelle fois nous prenons des photos car le point de vue est unique et, d’autre part, des milliers de fleurs nous entourent, je pense que ça ressemble un peu au paradis.

Il nous faut repartir et cela se fait par un beau chemin sans aucune difficulté technique, je cours sans douleur, le pied ! La descente est vraiment sympa, nous rencontrons quelques randonneurs et passons au bord du Lac des Charbonnières (1 855 m). Nous enchaînons jusqu’au Col de la Pousterle (1 763 m), il y a un parking, c’est un point de départ pour les randonnées. La descente se poursuit jusque Puy St Vincent sans difficulté majeure. Cependant, il y a un « mais », nous sommes à la station 1 600 m et il nous faut récupérer la station 1 800 m d’altitude là où est notre lieu de villégiature et la trace nous y mène par la route, dommage pour la fin de cette belle sortie. Au final ma montre m’indique 21 km, 1 162 m D+ en 4h00 et à cela il faut ajouter 45 minutes de pauses ! Eh oui, c’était du OFF !

Thierry est encore en rando, c’est Christine qui nous accueille, elle est rentrée du lac des Hermes. Il est 13 heures, Alex ne cesse de nous parler du programme de l’après midi. Pour ma part, je décline l’invitation, je suis un peu « cassé » de partout et je souhaite en garder pour la semaine prochaine.

Après un sandwich vite avalé, Alex et Morgan repartent pour leur dernière sortie. Ils y vont au feeling, tournent 10 minutes dans la station puis filent droit dans la pente sous les remontées mécaniques vers la Crête de la Pendine à 2 748 m soit un nouveau kilomètre vertical sur 6,5 km. Le retour se fera par une variante, une nouvelle sortie de 4h00, 13 km et 1 111 m D+ pour ce duo de choc.

Ce week-end « OFF » se termine, nous sommes tous très heureux de son déroulement. Seuls les bâtons d’Alex sont mécontents, ils sont restés accrochés dans son dos, ça ne valait pas la peine de les sortir dixit Alex ! Merci à Christine, Alex, Morgan et Thierry pour la bonne convivialité. Il me reste à panser mes « blessures », me remettre un peu de vernis pour être sur pied pour l’Echappée Belle le 21 août qui, à ce jour, est maintenue. Je serai au départ avec Guillaume et une amie sur le Parcours des Crêtes (62 km et 4 700 m D+).

Je pensais que nous aurions vu plus d’animaux, principalement des marmottes mais il n’en fut rien. Nous avons entendu quelques rares vigies, sans plus.

L’an dernier, j’avais partagé un week-end montagne aux Fiz avec Alex sous une météo exécrable, cette fois c’est l’inverse, un week-end 100% réussi sous toutes les formes.

Lorsque, sur les courses, comme moi, on est limite avec les barrières horaires, le OFF est une bonne solution pour prendre du plaisir, zéro pression et aucune obligation de résultat. Suivre aveuglément la trace au GPS, le top, une découverte au fur et à mesure de la progression.

A refaire ! A revivre !

Les photos, c’est ICI

2020-06-20 Trail des Ecrins en Off

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